Poster Girl

À sa sortie en grand format, Poster Girl de Veronica Roth avait fait plus de mauvaises presses en raison de l’usage de Midjourney pour créer sa couverture que pour son contenu. Et comme l’autrice ne m’avait pas tant marqué que ça à la lecture de ses romans pour adolescents (Divergente et le premier tome de Marquer les ombres), je n’étais pas pressée. Puis le livre est arrivé en version poche, en service de presse. La couverture étant ce coup-ci mise au crédit d’un être humain, Pierre Béronie – et plus belle que celle de l’autre édition au passage -, je me suis plongée dans la lecture.
Nous sommes ici dans une dystopie : un gouvernement totalitaire, La Délégation, a été renversé dix ans plus tôt par le Triumvirat (qui semble tout aussi totalitaire que le premier au passage), et les familles survivantes des anciens dirigeants sont enfermées dans l’Objectif, un bloc de bâtiments quasi coupé du monde. Là, Sonya, l’ancienne égérie de la Délégation, végète en constatant qu’à 27 ans sa vie est déjà terminée. Jusqu’à ce qu’on lui propose une mission à l’extérieur en faisant miroiter une certaine liberté. Et si, sous couvert de retrouver une gamine arrachée aux siens par la Délégation, elle allait découvrir le passé sordide de sa propre famille.
Avec un tel thème, Veronica Roth aurait pu écrire un livre très politique (en particulier vue la situation en cours dans son pays natal, les USA) et, pourtant, les tenants et les aboutissants de chaque régime (hormis la Perception, implant oculaire servant à connecter les personnes et à surveiller toutes leurs actions pour leur attribuer des crédits ou des amendes) sont assez peu développés. Tout est raconté du point de vue de Sonya, ancienne jeune fille modèle croyant aux valeurs de la Délégation et qui, peu à peu, comprend que tout n’était pas aussi binaire ni à l’époque, ni à l’heure actuelle. Et que les dirigeants de l’un des régimes ne sont pas si différents de ceux de l’autre. L’évolution de son parcours est intéressante, mais reste également très frustrante. À lire la protagoniste, on pourrait avoir l’impression qu’elle n’a rien appris ou vécu durant ces dix ans. Elle a les mêmes réactions impulsives qu’une ado rebelle, ce qui peut être assez agaçant chez une personne à l’aube de la trentaine… Et si le message politique, inconscient peut-être de la part de l’autrice, de Poster Girl était finalement une dénonciation de l’anesthésie et de l’individualisme des populations face à une société de surveillance toujours plus intrusive ? En tout cas, le livre se lit très vite et permet de s’évader durant quelques heures de son quotidien. Pour y replonger avec un autre point de vue ensuite ?

Poster Girl
de Veronica Roth
traduction d’Alice Delarbre
Éditions Pocket

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