Les Survivants du Ciel

J’ai choisi de lire Les Survivants du Ciel pour deux raisons : la couverture est belle et intrigante (en plus de me rappeler les couvertures de Siudmak pour Presse Pocket au siècle dernier), et j’avais besoin pour le défi des mordus d’un livre avec « mer », « montagne », « ciel » ou « forêt » dans le titre. Autant dire que, n’ayant jamais lu Kritika H. Rao auparavant, je me lançais à l’aveuglette.
Le résultat, puisque vous lisez cette chronique, fut une excellente surprise, même si le livre est dense à la fois par la création de son monde que par ses choix narratifs. Nous sommes dans un univers où l’Humanité a fui la surface de la planète couverte de jungle et de séismes dévastateurs à répétition, les « rages de terre ». Les survivants se sont réfugiés dans de gigantesques cités végétales volant grâce aux pouvoirs des architectes. Le récit nous raconte l’histoire d’un couple : Iravan, qui est maître-architecte au sommet de sa ville quand il détecte une résonance suspecte qui menace tout le système soutenant le vol, et Ahilya, sa femme non-architecte qui est persuadée que la jungle et les animaux géants qui la parcourent sont une alternative à la vie dans les airs.
Ce roman est le premier tome d’une trilogie : il doit donc nous décrire l’univers et les règles qui le
définissent. Et même si l’autrice ne livre pas par gros blocs les informations nécessaires, il y a pas mal de particularités à découvrir et à comprendre. D’autant qu’elle s’appuie sur des principes tirés des religions principales de l’Inde (sans être facilement identifiable pour une néophyte) tels que le fait que tous les êtres vivants ont une conscience plus ou moins complexe ou que l’esprit influence la matière et vice-versa. Les liens familiaux et sociétaux sont également complexes avec un système de caste reconstitué entre les architectes, les ingénieurs et les citoyens lambdas, et de nombreux tabous entre les différents groupes.
De plus, dans ce tome, l’autrice choisit de se focaliser sur la crise au sein du couple Ahilya et Iravan pour décrire de leur double point de vue la crise gouvernementale et technique que traverse la cité dans laquelle ils vivent. Les chapitres sont racontés du point de vue de l’un puis de l’autre, avec une multitude de rebondissements
(dont un bon nombre vient des non-dits dans le couple et de l’arrogance mal placée des deux) et peu à peu une mosaïque complète se dessine. Il faut avancer dans Les Survivants du Ciel, comme on marcherait dans la jungle, en se frayant peu à peu un chemin dans le texte, mais le voyage n’en reste pas moins fascinant. Et la fin, qui change complètement la façon dont ce monde est compris par ses habitants, en plus d’être une catastrophe au niveau de la ville, ne donne qu’une envie : lire la suite. Bientôt j’espère ?

Les Survivants du Ciel
De
Kritika H. Rao
Traduction de Florence Bury

Éditions Albin Michel Imaginaire

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