Ayant apprécié son premier roman sans être entièrement convaincue, j’étais très curieuse de voir ce que publierait Auriane Velten par la suite. Et Cimqa ne m’a pas déçu du tout, bien au contraire ! Ici, point de monde post-apocalyptique mais le destin croisé de deux personnes au nom presque identique, à une lettre près. Dans une des lignes temporelles, Sarah est une petite fille qui vit seule avec sa mère et qui découvre soudain que le monde a une cinquième dimension – celle de l’imagination – permettant de donner vie à toutes sortes de créatures. Dans l’autre ligne, Sara a 50 ans, est technicienne de cimqa et porte un regard désenchantée sur son métier, d’autant plus que sa conjointe, Eva, semble détester tout ce qui relève de l’exploitation de la cinquième dimension.
L’une des trames va à travers les yeux de Sarah (de petite fille à jeune adulte) montrer l’émerveillement et les possibilités offertes par cette nouvelle dimension ; l’autre montre comment le capitalisme et la société moderne ont peu à peu détruit les illusions de Sara et comment elle va finalement rapprivoiser son don pour revenir à ses rêves d’enfances.
En alternant entre les lignes temporelles, un chapitre sur deux, l’autrice nous propose deux histoires indépendantes dont il semble évident qu’elles finiront par se croiser. Mais elle arrive à nous surprendre sur le point de ralliement. Et nous propose une belle ode à la création doublée d’une réflexion autour des compromis acceptables ou non pour faire vivre ses œuvres, et de la façon dont il est possible de lutter ou non contre une appropriation dangereuse. Le tout sans grandes envolées philosophiques, mais au travers des différentes relations que Sarah et Sara nouent avec les autres personnes que la vie met sur leur route, qu’elles soient humaines (comme Ada et Eva) ou non (comme les corbeau-dragons ou les lutins ménagers bien pratiques).
Et d’un œil extérieur, après After© c’est un pur bonheur de voir l’écriture d’Auriane Velten s’épanouir dans ce nouveau roman, au format plus long qui lui convient mieux. Et surtout partir dans une direction totalement différente. En se demandant, vers où elle nous entraînera dans sa prochaine œuvre ?
