Continuant son exploration de la SF francophone, Olivier s’intéresse aujourd’hui à Guy-Roger Duvert, que mon radar n’avait pas classé comme « nouvelle étoile de la SF française » et qui visiblement ne l’a pas convaincu. Voici son opinion :
Alléché par des notes et bon nombre de critiques avantageuses (le premier livre de la série date tout de même de 2019), je me suis lancé dans la lecture d’Outsphère, de Guy-Roger Duvert, propulsé nouvelle étoile de la SF française. Un auteur français, un thème un peu usé mais toujours vendeur de l’humanité en péril cherchant à s’établir sur une exoplanète, j’étais plutôt excité. J’ai eu l’impression de lire le scénario d’un film qui se prendrait pour un blockbuster hollywoodien, destiné en réalité à sortir sur une obscure plateforme de streaming comme une série Z digne de ce nom.
Reprenons. La Terre, dévastée par des siècles d’incompétence, d’égoïsme, de guerre, etc. a envoyé quelques milliers des siens à la recherche d’une exoplanète habitable. Les colons découvrent une planète qu’ils s’empressent de baptiser Eden mais qui, bien entendu, s’avérera loin d’être un paradis pour eux.
L’histoire en elle-même n’est pas inintéressante, d’autant que les colons auront rapidement la surprise de voir arriver un autre vaisseau, empli de colons humains mais d’une autre nature, car partis plus tard et ayant évolué différemment. Un ressort plutôt bien vu, qui permet de s’interroger sur des notions comme le transhumanisme ou l’individualisme vs la collectivité.
Mais le tout est servi comme un scénario où on laisserait tout le soin au réalisateur de mettre en scène situations et personnages, plutôt qu’une histoire romancée. L’auteur se contente d’enchaîner les actions, sans s’appesantir sur la psychologie de ses personnages, ni même prendre le temps de construire la moindre tension dramatique. Bref, il n’y a aucun temps mort comme le veut la doxa netflixienne, les rebondissements s’enchaînent, mais comme l’auteur n’a construit aucune empathie, aucune tension, c’est d’un ennui abyssal.
L’écriture est mécanique, sans âme, à l’image des personnages, taillés à coups de serpe dans un manuel de Donjons & Dragons 1re édition : nous avons droit au militaire inflexible, à la scientifique belle mais asociale, au sergent au grand cœur accompagné de son pote noir baraqué, à la politicienne sans colonne vertébrale, etc. Un festival de clichés dont beaucoup d’auteurs peuvent se rendre coupables, mais lorsque les personnages ne sont caractérisés que de cette manière, il faut qu’ils soient joués à l’écran par de sacrément bons acteurs pour qu’on oublie la pauvreté de l’écriture. En livre, ça ne passe tout simplement pas.
Je n’ai donc pas le courage de me lancer dans les 3 tomes suivants et c’est bien dommage, parce qu’encore une fois, les idées de départ méritent sûrement d’être explorées.
Et vous, côté auteurs français, vous me recommandez qui ?
Outsphère
De Guy-Roger Duvert
Éditions Inceptio
