Après deux essais différents — un recueil de nouvelles et un roman multiprimé — l’impression que j’avais de N.K. Jemisin et de son écriture était mitigée. Mais… L’une de mes nouvelles favorites dans le recueil Lumières noires étant Grandeur naissante, j’ai cédé à la tentation et commencé son cycle d’urban fantasy prolongeant cet univers, dont Genèse de la cité est le premier volume.
L’histoire commence à la toute fin de Grandeur naissante, où l’avatar de New York s’écroule après la « naissance » de sa ville. Mais l’Ennemi étant toujours là, cinq nouveaux avatars vont se révéler, correspondant à chaque grand district de la ville — Manhattan, Brooklyn, le Bronx, Queens et Staten Island. Chacun avec un caractère, une vie et des personnalités bien différentes… Elles (car quatre d’entre eux sont des femmes et seuls Manhattan et le premier avatar de la nouvelle sont des hommes) vont devoir prendre conscience de qui elles sont, de la mission qui les attend et — plus difficile encore — devoir surmonter leurs différences et leurs rancœurs respectives pour travailler ensemble sans se laisser séduire par les belles paroles de l’Ennemi.
Étant profondément citadine dans l’âme, je ne pouvais que me sentir à l’aise dans ce livre qui parle d’une ville mouvante et changeante, de ses bons, mais aussi surtout de ses mauvais côtés, des souffrances qu’elle a causées depuis sa fondation, et de celles qu’elle cause encore, mais également de ses luttes et des progrès qu’elle engendre. Et à travers les différentes personnalités de la ville et des gens qu’elles croisent, N.K.Jemisin parle de thèmes qui lui tiennent à cœur : le racisme, le féminisme, le colonialisme, la lutte contre l’oppression, l’art, l’assimilation, et de multiples autres encore. D’un point de vue purement structurel, j’ai préféré Genèse de la cité à La Cinquième saison, car l’action est plus resserrée, j’ai plus d’empathie pour les différentes protagonistes et le côté « moralisateur » des Livres de la Terre fracturée disparait. Ici, le point de vue de l’autrice est toujours clairement présent, mais il n’est pas amené avec d’aussi gros sabots que dans la trilogie précédente. D’ailleurs, à ce sujet, le dialogue entre le Bronx et Brooklyn, qui se sont toutes deux blessées mutuellement dans leurs passés respectifs, est très révélateur. Tout comme le choix de Staten Island, même si… De plus, l’autrice se fait plaisir avec des clins d’œil plus ou moins appuyés à la pop culture de sa ville et d’ailleurs. Que vous ayez déjà visité New York ou non, que vous viviez en ville ou non, ce livre mélange action et réflexion pour un condensé d’adrénaline qui en fait une lecture idéale dans les transports. Ou ailleurs.
Genèse de la cité
de N.K. Jemisin
Traduction de Michèle Charrier
Éditions J’ai Lu
Raah, y’a une nouvelle qui précède tout ça ? !
Me voilà embêté… indispensable ou je peux m’en passer pour aborder le roman ?
Elle est reprise dans le poche en guise de prologue. 🙂