Le marchand d’âmes

Lors de notre rencontre sur un salon, l’auteure m’avait prévenue : ce livre est dédalesque, tout en faux-semblant et en retournement. Elle n’a pas menti. Autant dire qu’il faut s’accrocher le long des pages pour ne pas perdre le fil. Bouclez votre ceinture, ce voyage du fond des Enfers jusqu’à une version future de notre réalité n’est pas sans détour. Mélangeant la mythologie grecque, parfois la plus obscure comme Héméra ou Ceto, et science-fiction pure et dure, Le Marchand d’âmes nous offre à la fois une aventure initiatique somme toute classique dans la littérature imaginaire, et une réflexion sur la définition même d’un être vivant et conscient. Est-on encore vivant quand on passe plus de temps dans un monde imaginaire que dans le réel, ici abandonné totalement à la toute-puissance de corporations multinationales ? À quel moment peut-on dire d’une entité artificielle qu’elle a dépassé sa programmation et est devenue pleinement consciente ? Comment différencier dans un environnement virtuel, les individus d’origines humaines de ceux générés par ce même environnement ? Sur ces interrogations classiques en SF, Chris Rigell arrive à créer une histoire attachante, alors que son personnage principal, Orion, se laisse porter par les évènements durant les deux tiers du livre. Ses questions, ou souvent son obstination à les éviter, ses peurs, ses élans émotionnels nous le rendent particulièrement humain. À noter : outre le texte, le livre est magnifiquement illustré. Il ne s’agit pas juste de décorations, mais, tout comme les choix typographiques, d’un second niveau de lecture par rapport à l’intrigue.

Le marchand d’âmes de Chris Rigell
Editions Underground

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