Faut-il donner des conseils en matière de lecture ?

Aujourd’hui, je ne vais pas vous recommander un livre, mais plutôt parler de ce qui me gêne le plus : dire aux gens ce qu’ils doivent ou ne doivent pas faire en matière de lecture. Étonnant pour un blog consacré aux livres ? Non pas vraiment. Souvent, surtout depuis l’ouverture des sites, on me demande mon avis sur tel écrivain ou tel genre, comme si je faisais autorité en la manière. Eh bien, ce n’est pas le cas. Si le genre ne m’intéresse pas, au hasard la romance pure ou les souvenirs militaires, je ne peux pas avoir d’avis puisque je n’en lis pas. De même, si j’ai des avis tranchés sur certains auteurs, c’est toujours après avoir lu au moins un livre d’eux. Et ça n’est qu’une opinion d’une lectrice, pas une décision digne d’un quelconque guide Michelin de la littérature.
En effet, la lecture, comme tous les loisirs, est quelque chose de très personnel. Certains vont dévorer beaucoup de livres tout le temps, d’autres n’en liront peut-être qu’un par an, voire moins. Certains vont chercher toujours la nouveauté, d’autres liront et reliront toujours les mêmes textes. Et une même personne pourra passer de ne rien parcourir à lire tout ce qui lui tombe sous la main, ou l’inverse suivant ses humeurs, son rythme de vie ou que sais-je encore… J’adhère complètement aux droits des lecteurs selon Daniel Pennac dont vous trouvez ci-dessus une version illustrée par Quentin Blake. Et si j’adore lire et j’aime partager les lectures qui m’ont plu, ce n’est pas pour obliger quiconque à lire plus ou à adhérer à mes choix de lecture. Juste de faire partager ce qui m’a plu et découvrir en retour de nouveaux titres ou de nouveaux auteurs.

De même, je n’entrerais pas dans la guerre livre papier contre livre numérique ou livre audio. Chaque support a ses adeptes, ses avantages et ses inconvénients. À chacun de choisir ce qu’il lui plaît. À titre personnel, je lis en version papier — achetés, offerts ou empruntés dans les bibliothèques du quartier, et en version numérique (sur une liseuse Kobo Clara en achetant des livres sur différents libraires en ligne – si possible sans DRM, directement chez les éditeurs ou les auteurs quand c’est possible, ou en passant par des bibliothèques en ligne comme Gallica). Je ne lis pas de livres audio, tout simplement parce que j’aime lire en musique ce qui est un peu incompatible avec cette forme de lecture. Si un jour ma vue baisse terriblement, qui sait ? Mais si vous lisez sur tablette, uniquement des livres en grands formats, avec une autre liseuse que la mienne ou uniquement des livres audio grands bien vous fassent… Tant que vos choix conviennent à vos envies, tant mieux.

Enfin, certaines des questions qui reviennent le plus souvent sont : « Ce titre peut convenir à un enfant ? Un ado ? » « C’est pas trop violent ? » Et là… Je sèche. Il faut dire que je n’ai jamais censuré mes lectures. Enfant je lisais tout ce qu’il y avait comme livres à la maison, y compris La Cité des sortilèges de Han Suyin à huit ans et La Philosophie dans le boudoir de Sade à 14 ans, et visiblement je n’en suis pas sortie traumatisée. Hormis quelques réflexions parentales (« Prends au moins un vrai livre en plus de tes machins de SF. ») au moment de passer en caisse, je ne me souviens pas m’être fait interdire un titre plutôt qu’un autre.
Et mère ? J’ai tendance à appliquer le même principe. Du moment que l’enfant sait lire dans la langue du texte, sait se servir d’un dictionnaire et sait qu’un parent est là pour discuter de ce qui peut lea choquer ou gêner dans sa lecture, que l’enfant — ou l’adolescent — lise ce qui lui fait envie. Quelquefois le parent ira au-devant de déconvenues, car les titres adorés aux mêmes âges que la progéniture seront rejetés par celle-ci, mais c’est la vie. Voire certains enfants de grands lecteurs ne lisent pas du tout (je n’ai, au grand dam de mon compte bancaire, pas hérité de ce modèle économique)… Les enfants ne sont pas nos clones. Je me vois mal interdire un livre au prétexte qu’il est trop violent ou trop érotique ou autre. Peut-être parce que la lecture, même de BD, laisse plus de place à l’imagination qu’une mise en image animée sous forme de film ou de jeux vidéo ? J’aurais d’ailleurs souvent tendance à dire : « Tu veux voir “Simetierre”, “Harry Potter” ou “Orange mécanique” ? OK, mais lis le livre d’abord. Si tu le finis et que tu en as toujours envie, on verra le film. » De plus, interdire quelque chose à un adolescent est le meilleur moyen pour l’inciter à le faire ou le lire. Mine de rien, les jeunes s’autocensurent très bien tout seuls, ils n’ont pas besoin de nous pour les y aider.

En conclusion, voici quelques bons plans pour vos lectures en numérique :
— Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France regorge de livres, de manuscrits de textes numérisés, avec notamment des listes de livres libres de droits à télécharger en fonction de vos envies ou de vos âges.
— Si vous voulez lire en numérique sans dépendre de la librairie associée à votre liseuse ou votre tablette, je vous conseille Calibre, un logiciel libre et gratuit (fonctionnant aussi bien sous Windows, Linux ou mac OS) pour gérer votre bibliothèque personnelle. Il est très riche, au point que même après des années de pratique, je n’utilise encore qu’un dixième de ses fonctions.
— Pour celles et ceux qui lisent en numérique, voici un pas-à-pas pour retirer les verrous numériques (ou DRM – digital right management) que certaines boutiques ou certains éditeurs imposent sur leurs fichiers. Il fonctionne avec Calibre :
https://post-tenebras-lire.net/retirer_drm_ebook_calibre/
— Amatrice de littérature de l’imaginaire, en matière de lecture numérique, j’ai tendance à trouver mon bonheur sur 7switch ou sur Emaginaire pour les livres français, pour les livres dans les autres langues je passe le plus souvent par l’éditeur. Précision, ceci n’est pas une publicité et je n’ai aucune réduction chez eux.

Sur ce, bonne lecture !

Cet article a 2 commentaires

  1. Spooky

    Comme toi, pas mal de gens me sollicitent pour des conseils de lecture sur les sujets ou les supports dont, à leurs yeux, je suis un expert. Et je me positionne plutôt en connaisseur éclairé. Et en général, je donne quelques exemples, en indiquant que justement je n’ai pas une vue exhaustive. Pareil sur un auteur ou une autrice donné(e) ; même en ce qui concerne King, je n’ai pas encore lu tout ce qui a été traduit… Mais je propose des pistes pour trouver d’autres titres, également…

    1. Stéphanie Chaptal

      Répondre aux questions en soit n’est pas un problème. Mais j’ai beaucoup de mal avec ceux qui en profitent pour prendre des positions dogmatiques.

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