Le Cœur perdu des automates

Il est des livres dont le résumé annonce une histoire somme toute classique, et qui se révèlent de pures petites merveilles de déconstruction. L’exemple parfait le plus récent est Le Cœur perdu des automates de Daniel H Wilson (à paraître le 13 septembre). S’il est connu comme roboticien, Daniel H Wilson s’intéresse ici aux ancêtres des robots conçus avant l’apparition de l’informatique, les automates.
Vivant depuis l’aube des temps au milieu de l’humanité, ceux-ci sont toujours à la recherche de leurs concepteurs originaux, ceux qui ont conçu l’anima qui leur donne une conscience et les distingue des jouets mécaniques classiques. Faute d’entretien régulier, leur nombre diminue et une guerre interne ravage leurs rangs. June, chercheuse spécialisée dans l’histoire de la mécanique, se retrouve sans le vouloir mêlée à l’acte final de cette tragédie, et pourrait être la clé de la survie des automates, voire de leurs renaissances. Si la courte-vie qu’elle est arrive à s’imposer face aux préjugés des longues-vies.
Chaque chapitre de ce roman est situé à une époque différente : Stalingrad en pleine Seconde guerre mondiale, l’Oregon du XXe siècle, la Chine antique ou la Russie des Tsars… Les narrateurs également alternent. On passe de June à son grand-père ou à Pierre, un automate amnésique qui retrouve au fil des décennies son passé. Si le titre français choisi, Le Cœur perdu des automates, peut faire penser à une romance (eh non) ou à un livre nostalgique (ce qu’il est d’une certaine façon), le titre originel — The clockwork dynasty — a un côté steampunk inexistant, mais également un côté grande saga qui correspond mieux à l’histoire.
Quel que soit le point de vue, quelle que soit l’époque, le lecteur s’attache aux personnages de chair et de sang, comme ceux de laiton et d’engrenage. Si l’action commence lentement et permet de prendre son temps pour savourer ce roman, elle prend vite du rythme et la fin, malgré les sauts temporels très étendus, se dévore d’une traite. Je crois que j’ai trouvé mon coup de cœur de la rentrée.

Le Cœur perdu des automates
de Daniel H Wilson
Traduction de Patrick Imbert
Éditions Fleuve

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