La Quête onirique de Vellitt Boe

Décidément H.P.Lovecraft n’en finit plus d’inspirer les auteurs. Dans ce court roman de 2017, c’est Kij Johnson qui revisite une partie du partie du mythe de l’homme de Providence, en s’intéressant à une part presque jamais abordée dans son œuvre : la place des femmes. La Quête onirique de Vellitt Boe se passe dans les contrées du Rêves popularisées par le cycle de Randolph Carter (dont La Quête onirique de Kadath l’inconnue) et Les chats d’Ulthar. Elle suit les traces de Vellitt Boe, une professeure de mathématiques vieillissante, partie à la poursuite d’une de ses élèves voulant s’évader vers le monde de l’Éveil.
Non seulement avec La Quête onirique de Vellitt Boe, Kip Johnson revisite les aventures les plus proches de l’heroic fantasy écrites par H.P.Lovecraft, mais en plus elle nous présente une protagoniste originale : une femme vieillissante qui au soir de sa vie repart sur les chemins qu’elle avait parcourus adolescente dans un monde peu doux pour les femmes. Plus que les Dieux Anciens, les goules, les ghasts et autres horreurs peuplant cette contrée, c’est une simple mention au détour d’un chapitre plutôt calme qui m’a personnellement fait frémir : « on ne lui avait dérobé ses affaires qu’à trois reprises, et on ne l’avait violé qu’une fois, mésaventures qui n’avaient jamais éteint son brûlant besoin d’espace, de villes étranges, de nouveaux océans… » Peut-être trop proche de ce que risque une voyageuse ordinaire dans notre monde ? Tout au long de son chemin, Vellitt et le jeune chat noir (d’Ulthar évidemment) qui l’accompagne croiseront des lieux, des personnages et des créatures familiers au monde de Lovecraft, mais sous une perspective très différente. En effet, ce n’est pas un homme confronté à l’étrange et à l’inconnu, mais une femme qui a toujours vécu au milieu de ses merveilles et qui remonte son passé en cherchant son élève, retrouvant des souvenirs enfouis à chaque pas, qu’ils soient agréables ou bien traumatisants.
L’édition française du roman est enrichie par de très belles illustrations de Nicolas Fructus et par une interview de l’auteur. Pour le coup, je vous conseille plutôt de vous procurer la version papier que numérique de cet ouvrage pour mieux en profiter.

La Quête onirique de Vellitt Boe
de Kij Johnson
Illustrations par Nicolas Fructus
Traduction de Florence Dolisi
Éditions Le Belial’

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