La sorcière

Pour son treizième roman, La sorcière, Camilla Läckberg mêle une nouvelle fois le passé et le présent dans une intrigue policière compliquée. Et comme souvent, victimes et bourreaux finissent par être interchangeables, à l’exception notable de Stella et de Linnea, les deux petites blondinettes de quatre ans à l’origine de tout.
Tout commence un jour torride d’été où Linnéa, 4 ans donc, disparaît de la ferme de ses parents. Or, trente ans plus tôt, Stella, 4 ans elle aussi, avait disparu de cette même ferme et avait été retrouvée morte dans les bois alentours. Finalement, deux adolescentes de 13 ans s’étaient accusées du crime. Trente ans plus tard, les deux adolescentes devenues mères sont de retour. Sont-elles responsables de ce nouveau drame ? Ou ne serait-ce pas plutôt l’un des réfugiés syriens du camp si difficilement accepté dans ce coin de campagne suédoise ? Comme souvent chez Camilla Läckberg, la solution n’est pas si linéaire et les histoires de familles cachées et mal digérées vont encore compliquer la tâche des enquêteurs.
Pour une fois, cette enquête de Patrick et Erica, le couple protagoniste habituel, a une touche nettement plus en phase avec l’actualité du moment. Non seulement avec l’ajout de ses personnages réfugiés et en dépeignant les différentes réactions — tant abjectes qu’empreintes de bonté — qu’ils suscitent dans la population locale. Mais également en parlant du thème du harcèlement entre adolescents à deux époques différentes : l’une avant l’apparition des réseaux sociaux numériques, et l’autre après. Dans les deux cas, l’issue est tragique et a des conséquences bien au-delà du petit monde des ados. Malgré tout ce drame, Camilla Läckberg sait aussi se faire solaire avec les mini-événements de la vie quotidienne des policiers, d’Erica et de leur famille. Il y a juste un élément qui je trouve ne colle pas trop avec le reste de l’histoire : celui de la Sorcière du titre. Je vois bien le rôle des on-dit et de la rumeur dans le sort final d’Elin, mais nettement moins sa relation avec les enquêtes quelques siècles plus tard. À moins que Camilla Läckberg ait voulu s’offrir une variation sur les relations sororales où la puinée hait à mort l’aînée. Et laisse ici un indice pour la trame du prochain roman ?

La sorcière de Camilla Läckberg
Traduction de Rémi Cassaigne
Éditions Actes Sud.

Pour le #100defislecture2018 de Dame Ambre : 9 points avec celui-ci.

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